La biodiversité dans sa cour

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Vanesse du chardon sur Rudbeckia laciniata

Le jardin comme un moyen de reconnecter avec la nature et d’y être utile; c’est une expérience plus authentique et allant au-delà des apparences, que recherchent de plus en plus de jardiniers.  À la ville comme à la campagne, nous sommes tous en rapport avec la nature environnante et avons ainsi le pouvoir d’agir en faveur de la biodiversité dans nos milieux de vie.  Le plus banal des terrains de banlieue peut devenir un habitat propice à la flore et la faune locale. Voici des gestes simples que nous pouvons poser.

  • Préserver des espaces naturels sur chaque propriété, ou en recréer de nouveaux (boisé, prairie, bande riveraine, etc.)
  • Laisser des espaces sans entretien (secteurs sans tonte, feuilles mortes laissées au sol à l’automne à des endroits où il n’y a pas de pelouse, troncs d’arbres morts laissés debout ou couchés au sol).
  • Fournir des abris pour la faune (nichoirs d’oiseaux, abris pour abeilles solitaires, pile de bois, tas de pierres).
  • Recycler les débris végétaux, soit en les laissant en surface du sol ou sous forme de tas de compost. C’est ainsi que se crée naturellement la vie et la fertilité des sols, tout en favorisant une foule d’insectes bénéfiques.

    Colibri sur Impatiens capensis

    Colibri sur Impatiens capensis

  • Aménager des corridors fauniques pour relier les différents habitats (haie, bande boisée, espace non-tondu).
  • Planter des végétaux indigènes de la région, dont des espèces produisant des fleurs nectarifères, des fruits et des graines. Certaines espèces non-indigènes peuvent aussi jouer un rôle important pour la faune. Mais n’oublions pas que les insectes indigènes recherchent spécifiquement certains végétaux indigènes sur lesquels ils se développent au stade larvaire. Un exemple très connu est celui du monarque et de l’asclépiade.
  • Fournir un point d’eau (bassin, abreuvoir, jardin pluvial, etc).
  • Éviter l’usage des insecticides.

Vous pouvez aussi obtenir une reconnaissance pour  les gestes posés en faveur de la faune. Les organisations suivantes peuvent fournir une certification (presque gratuite). On peut même se procurer un certificat pouvant être affiché au jardin.

Asclepias incarnata et monarque( 4)

Papillon monarque sur Asclepias incarnata

Ces quelques gestes faciles à appliquer sont inspirés directement de la nature. Tentez graduellement l’expérience dans votre cour; peut-être aurez-vous d’agréables surprises!

Benoit Bertrand, DTA
Depuis toujours émerveillé par la nature sauvage
Benoit Bertrand se consacre depuis 20 ans
à la production de plantes indigènes à la Pépinière Rustique
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Plantation ou ensemencement: quelle méthode choisir pour implanter des espèces indigènes

Quand vient le temps de restaurer un lieu naturel avec des espèces indigènes, il s’offre la possibilité de le faire avec des plants et/ou des semences.  Quelle méthode aura le plus de succès?  Voici quelques facteurs à considérer:

Ensemencement

  • économique en matériaux et main d’œuvre
  • stabilisation très rapide de la surface du sol
  • idéal dans la cas où le sol est à nu (plus complexe d’ensemencer à travers la végétation existante, mais possible)
  • demande plus de temps pour atteindre la maturité (certaines espèces peuvent prendre jusqu’à un an pour germer)

Plantation

  • maturité plus rapide
  • possibilité de choisir les espèces appropriées pour chaque endroit sur le site
  • certaines espèces ont une meilleure réussite sous forme de plants (germination lente ou difficile)
  • certaines espèces ne sont pas disponibles en grandes quantité sous forme de semences
  • besoins en arrosage plus grands
  • plus coûteux en  matériaux et main-d’œuvre
  • besoin de combiner à une autre méthode (ensemencement et/ou tapis anti-érosion) s’il y a un problème d’érosion
  • méthode à privilégier s’il y a  de la végétation existante sur le site

Comme aucune des deux méthodes n’est parfaite, dans bien des cas, une combinaison de celles-ci sera le meilleur choix:

  • un ensemencement manuel peut être fait immédiatement après une plantation pour une stabilisation rapide de la surface du sol
  • un tapis anti-érosion (en paille ou coco) peut être installé directement sur les semences, et on termine par la plantation
  • dans le cas d’un hydro-ensemencement, on doit attendre que la végétation soit bien établie avant de faire la plantation.

Quelques exemples de formats de végétaux adaptés aux travaux de renaturation:

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Dans l’ordre:

  • plante herbacée en petite multicelule (mc 45-110)
  • arbuste en grande multicellule (mc 25-310)
  • arbuste en pot de 1 litre

Melange_stabilisation_indigene
ensemencement de talus

Bonne planification!

Benoit Bertrand, dth
Pépinière Rustique
plantes et semences indigènes

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Le gazon sauvage

Hieracium_aurantiacum

Épervière orangée

Vous êtes de plus en plus nombreux à ne plus vouloir tondre l’herbe, ou à souhaiter une végétation plus proche de la nature, plus près de vos valeurs. Vous m’en parlez souvent et vous en voyez parfois des exemples au hasard de votre chemin.  Entre autres, quand quelqu’un cesse de tondre sa pelouse. Mais comme presque tout le monde la tond… Je parle ici d’un gazon diversifié, composé de toutes sortes d’herbes sauvages.  Il y a des fleurs courtes qui y poussent, mélangées avec les graminées.  Elles varient selon les saisons et le type de sol.  Une végétation qui n’a besoin d’aucun arrosage, ni fertilisant ou pesticide.  Je vous propose ici quelques idées inspirées de la nature.

violettes sauvages

Violette sauvage

D’abord, cessez de tondre le gazon pour quelques temps.  Pourquoi pas?  Vous serez surpris de voir pousser de jolies fleurs qui y sont déjà présentes, si votre gazon est suffisament diversifié.  Et s’il n’y en a pas assez à votre goût, rien de plus simple que d’en ajouter des plants ça et là.  Elles auront vite fait de se répandre à travers la végétation existante.  Je vous propose d’essayer les espèces suivantes:

Achillea millefolium
Antennaria canadensis
Fragaria virginiana
Leucanthemum vulgare
Potentilla anserina
Prunella vulgaris
Thymus serpyllum
Viola cuculata
 

Je vous invite aussi à consulter ce tableau, qui vous donnera plus de choix possibles et des détails sur les végétaux.

Vous pourrez continuer à marcher à travers ces herbes et, pour les endroits plus passants, prévoyez  tondre quelques sentiers.  Et il est toujours possible de recommencerSentier dans gazon sauvage à tondre le gazon au moment voulu, ou de le couper deux ou trois fois durant la saison.  Si vous choisissez d’abandonner la tondeuse, je vous suggère tout de même de le faucher une fois à l’automne, pour éviter la repousse éventuelle de semis d’arbres.  Vous pouvez laisser les débris de tonte sur place ou les mettre au compost. Dans le cas ou vous devez installer un nouveau gazon, nous avons développé un mélange de semences inspiré de la nature, qui vous permet d’implanter une telle diversité.  Il est composé de graminées courtes de type alpin, de fleurs sauvages basses et de trèfle blanc nain.  Le feuillage atteint une hauteur de 30 cm, et les fleurs peuvent aller jusqu’à 60 cm.  Il requière un sol de qualité moyenne et supporteLeucanthemum vulgare bien les conditions sèches, ainsi que les endroits mi-ombragés.  La façon d’ensemencer est exactement la même que pour une pelouse conventionnelle, et vous pouvez vous attendre à voir apparaitre les fleurs un an après le semis.  Le mélange est composé à 100% d’espèces sauvages, dont 50% sont indigènes au Québec.  Pour plus de détails, consultez la description de notre mélange Gazon Sauvage.

Alors, si le coeur vous en dit, laissez libre cours à votre gazon sauvage!

Benoit Bertrand

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Andropogon gerardii

S’il y a une graminée indigène qui retient particulièrement mon attention, c’est bien Andropogon gerardii.  A une époque où les troupeaux de bisons parcouraient librement les vastes prairies canadiennes, cette graminée en occupait une large part du paysage.  Moins fréquente au Québec,  elle y est également indigène.

C’est une graminée de saison chaude, c’est à dire qu’elle se développe seulement à partir de la fin du printemps, quand la chaleur est bien installée.  Mais on ne perd rien pour attendre.  J’aime son feuillage fin et arqué, qui prend des couleurs écarlates en automne.  Et le contraste de ses épis floraux, hauts et bien droits au début de l’automne.  L’inflorescence est d’une forme singulière qui lui donne son surnom de pied de dinde (Turkey’s foot).

D’une grande adapatabilité, elle affectionne tant les sols plutôt humides que bien drainés, argileux ou sablonneux.  Aucunement envahissante, même pas drageonnante, elle pousse bien sagement là où on l’installe.  Rabattez-la seulement au printemps pour profiter de sa silhouette pendant l’hiver.

On l’utilise pour l’ornementation, la stabilisation des sols, la végétalisation de lieux perturbés, les bandes riveraines, ainsi que dans la prairie sauvage.  On peut l’associer avantageusement avec d’autres espèces indigènes telles que les Aster sp., Heliopsis helianthoides, Echinacea sp., Lilium canadense, Monarda fistulosa, Sanguisorba canadensis, Solidago canadensis.

Hauteur: 180 cm
Largeur: 60 cm
Ensoleillement : soleil ou mi-ombre
Sol:plutôt humide ou bien drainé
Zone: 3
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Des fleurs indigènes pour les oiseaux

Lorsque j’avais environ 12 ans, j’ai eu le privilège de rencontrer à plusieurs reprises l’ornithologue André Dion.  Je fréquentais alors un club de jeunes naturalistes, et nous allions le visiter chez lui, dans son magnifique jardin d’oiseaux, ou faire des sorties d’observation en milieu naturel.  Son jardin a certainement marqué mon imaginaire.  Un véritable milieu de vie créé spécialement à l’attention de la gent ailée.  Quantité d’arbres, d’arbustes, de fleurs, regroupés et enchevêtrés, et des sentiers pour y circuler.

Mon intérêt marqué pour les plantes indigènes m’a vite ammené a observer la relation que les oiseaux entretiennent avec celles-ci.  Il est bien connu que les arbres et arbustes à fruits constituent une nourriture essentielle aux oiseaux.  Il en est aussi pour les plantes herbacées, fleurs et graminées indigènes.  C’est de ces dernières dont je vous entretiens ici.

L’importance des plantes herbacées pour les oiseaux

  • Elles fournissent des graines qui constituent une source de nouriture pendant presque quatre saisons
  • Elles produisent des fleurs nectarifères où se nourissent les colibris
  • Elles attirent un grand nombre d’insectes, bénifiques ou nuisibles, dont se nourissent les oiseaux insectivores
  • Leurs tiges et leurs feuilles fournissent un matériau de choix pour la construction des nids

En voici quelques exemples

Aster novae angliae

Tous les Asters attirent beaucoup d’insectes pollinisateurs et produisent quantité de graines en automne.

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. Cornus canadensis

Une plante tapissante typique des forêts conifériennes.  Ses fruits rouges, à la fin de l’été, nourissent les oiseaux forestiers tels les Gélinottes et les Grives.

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Fragaria virginiana

La fraise des champs pour les frugivores au début de l’été.

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Rudbeckia laciniata

Produit des semences tard à l’automne, qui persistent souvent sur les tiges jusqu’au printemps.

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Sanguisorba canadensis

Les oiseaux granivores se nourissent sur cette plante de septembre à novembre.

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Panicum virgatum

Cette espèce, comme la plupart des graminées, fournit une source importante de graines à l’automne.

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Les colibris sont attirés par les fleurs nectarifères aux couleurs vives.  Le rouge, évidement,  mais aussi le rose, l’orange et le jaune.  Voici quelques suggestions:

Impatiens capensis

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Lobelia cardinalis

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Monarda fistulosa

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Pour une liste de plantes plus complète, voir le document suivant:  http://www.pepiniererustique.com/francais/Attirer-les-oiseaux.php

Et pourquoi des plantes indigènes?  Simplement parce que les oiseaux recherchent surtout les plantes qu’ils connaissent et dont ils sont habitués de se nourrir dans la nature.  En ce qui concerne l’entretien du jardin, en faire le moins possible.  Les tiges des plantes en hiver sont souvent encore porteuses de graines, et les débris se trouvant au sol au printemps grouillent de toutes sortes d’insectes dont se nourissent les migrateurs qui arrivent tôt du sud.

Je conclus sur ces paroles de Sara Stein:

“Imaginons un but: qu’à un moment donné dans l’avenir la valeur d’une propriété soit perçue partiellement selon sa valeur pour la faune. Une propriété ayant une haie de buissons à baies aura une plus grande valeur qu’une propriété avec des forsythias… Peut-être qu’il y aura des récompenses formelles: réduction des taxes selon le nombre d’espèces indigènes; déductions pour terrains ne requérant ni vaporisateur ni gicleur. Une colonie de chauve-souris pourrait être considérée comme une amélioration majeure. Il pourrait y avoir des gratifications pour cabanes à oiseaux.”
-Sara Stein, Noah’s Garden

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Pierre Dansereau: l’homme dans la nature

Reconnu mondialement pour son oeuvre scientifique,  il est considéré comme un des fondateurs de l’écologie contemporaine. Le Biographical Center de Cambridge le classe parmi les 2000 scientifiques qui ont eu le plus d’influence au XXe siècle.  Son récent décès, à l’aube de ses cent ans, m’a inspiré d’explorer la philosophie qui l’animait.

Comment faisait-il pour rester positif et serein face aux défis écologiques que notre société connaît?  Mon ami Gilles Saulnier a été son élève dans le cadre d’études universitaires et résume ainsi:  « Il concentrait toujours son esprit sur les solutions.  C’était pour lui un piège que de s’attaquer aux problèmes et d’entrer dans les débats.  Il cherchait à voir le sujet globalement.  Il proposait d’aller plus loin que ce qui est mesurable scientifiquement  en y intégrant des notions telles que la justice sociale, l’équité et les arts.  Une vision de l’homme dans la nature, inspirée par les systèmes de la nature.»

Dans son livre « La terre des hommes et le paysage intérieur », Dansereau propose les notions de paysage extérieur (la terre des hommes) et de paysage intérieur (l’univers intérieur des hommes).  Pour lui, l’environnement est d’abord en nous: le paysage commence par la perception que nous en avons.

Autant la technologie nous a donné les moyens d’altérer et de polluer notre environnement, autant il croyait qu’elle allait nous donner les solutions pour trouver une façon de vivre plus harmonieusement dans la nature.

Dans un entretien avec Louis-Gilles Francoeur pour le journal Le Devoir, Pierre Dansereau expliquait cette surprenante résilience à sa philosophie «d’austérité joyeuse», l’antidote de la surconsommation, à l’origine de la destruction de l’environnement et des grandes iniquités du dernier siècle, répétait-il souvent.  «Je veux être de cette confrérie d’hommes de science qui croient que nous avons ce qu’il faut pour être heureux. D’abord, ce qu’il faut pour être juste. Et que nous nous servirons positivement de tous les instruments que nous avons créés au cours de ce millénaire pour établir une solidarité biologique, une solidarité qui commence avec les plantes et les animaux et qui s’étend à l’humain. Ou qui part des humains pour redescendre vers les animaux et les plantes.»

Je vous invite à visionner le documentaire Quelques raisons d’espérer, qui trace un portrait de ce professeur québécois, humaniste et écologiste. Le film nous entraîne de la terre de Baffin à la mégapole new-yorkaise, en passant par la Gaspésie et le Brésil.  Alors que la grande majorité des films sur l’environnement opte pour un point de vue alarmiste, voire catastrophiste, celui-ci esquisse le portrait et retrace le parcours de cet éternel optimiste, un homme de cœur et de convictions, qui nous donne la force de croire que nous avons encore quelques raisons d’espérer un monde meilleur.  84 min.

Également, une exposition virtuelle préparée par le service des archives de l’UQAM relatant les différentes étapes de son parcours.  http://www.archives-expopd.uqam.ca/

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Est-elle indigène cette plante?

Dans le domaine des plantes indigènes, s’il y a une chose qui doit être bien claire, c’est de savoir si elles sont bien indigènes ou non.  Il y a souvent de la confusion à ce sujet, d’autant plus que plusieurs espèces sont reclassées sous de nouveaux noms ou peuvent avoir plusieurs synonymes.  Pour ne pas en perdre son latin(!), il existe heureusement d’excellents outils sur internet qui fournissent une information précise. 

Un de ceux-ci, que j’utilise régulièrement, est la Base de données des plantes vasculaires du Canada (VASCAN).   Celle-ci se retrouve sur le site internet du réseau Canadensys,  un projet pancanadien visant à rendre l’information contenue dans les collections biologiques accessible à tous.

Vous n’avez qu’à y inscrire le nom de la plante recherchée et vous obtiendrez des informations telles que les noms latin, français et anglais, les synonymes acceptés, l’indigénat et la carte de répartition géographique.

Aussi, d’autres outils semblables ont l’avantage de présenter des photos (disponibles en anglais seulement).

North American Native Plant Society database

USDA plants

En terminant, voici un rappel de la définition de quelques termes importants à ce sujet:

Plante indigène: Se dit d’une espèce végétale qui est originaire du lieu de croissance et de reproduction où elle vit.

Plante naturalisée:  Se dit d’une espèce végétale acclimatée à un milieu dont elle n’est pas originaire et où elle se reproduit spontanément.  Ce sont, pour la plupart, des plantes ayant été transportées par les humains et qui se sont implantées dans des régions où elles n’étaient pas présentes.

Plante sauvage: Se dit d’une espèce végétale qui pousse et se reproduit spontanément à l’état sauvage, sans distinction du fait qu’elle soit indigène ou naturalisée.

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Cornus canadensis

Je le rencontre souvent lors de mes promenades dans la forêt coniférienne des Laurentides.  Il attire mon attention surtout quand il est en fleur ou en fruits, qui ressortent brillament sur son feuillage vert foncé.  Chaque fois je m’arrête un moment pour l’observer, ou y goûter.  Je l’aime bien le Quatre-temps; pas surprenant que j’en aie fait l’emblème de la Pépinière Rustique! 

Le Cornus canadensis, que l’on nomme aussi Quatre-temps, pain de perdrix ou graine de perdrix, est une plante indigène qui pousse dans les forêts mixtes ou conifériennes, principalement au Canada.  D’une rusticité à toute épreuve, on le retrouve jusqu’à la limite nordique de la forêt.  Son feuilllage vert foncé tourne au bourgogne à l’automne et persiste sur le plant jusqu’aux premières neiges.  Ses fleurs blanches apparaissent en juin et contrastent magnifiquement sur le feuillage.  Suivent des grappes de fruits rouges brillants persistant environ un mois, ou jusqu’à ce que les oiseaux les mangent.  Ils sont comestibles mais sans goût très particulier.  Les Gélinottes, Merles et Viréos en sont friands.

D’une hauteur de 10 à 15 cm, il se développe principalement grâce à ses rhizomes peu profonds.  Dans de bonnes conditions, il formera un tapis dense.  Et c’est sur ce point que j’insiste si vous voulez avoir du succès.  Il s’agit d’une plante acidophile et le pH du sol doit se trouver entre 4 et 6.  Le site dois être frais, toujours humide et à la fois bien drainé.  Dans la nature, il pousse sur les sols sablonneux, recouverts d’une couche d’humus et d’un paillis de feuilles et d’aiguilles.  Les racines peu profondes se développent justement dans cette couche d’humus.

Comme dans la plupart des cas vous aurez à préparer le site de plantation, voici quelques conseils:

  • Choisissez un site frais, avec une terre sablonneuse, légèrement humide, mais aussi bien drainée.  C’est avec 2-3 heures de soleil par jour qu’il donnera les meilleurs résultats, ou sous un soleil tamisé.  Il réussira aussi sous un ombrage plus sombre, mais le feuillage risque d’être moins dense.  On peut l’utiliser sous les conifères, en autant que le sol ne soit pas trop sec.
  • Au besoin, ajoutez une couche bonne terre à plantation contenant du compost (2-4 cm) pour récréer la couche d’humus en surface, et de la mousse de tourbe si besoin est d’acidifier.  Incorporer le tout avec les 5 premiers centimètres du sol.
  • Recouvrez le sol de 2-3 cm de paillis (bois raméal fragmenté ou paillis de cèdre commercial)

Au moment de la plantation, on peut ajouter un fertilisant naturel complet à faible dose, que l’on peut répéter chaque année jusqu’à établissement complet des plants.  La taille des plants à l’automne n’est pas nécessaire.  Dans de bonnes conditions, il produira un couvre-sol dense et attrayant.

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Le retour du papillon Monarque

Des millions, qu’ils sont chaque automne à retourner vers le sud.  Le papillon Monarque fascine tant par sa beauté que par son étonnant périple.  Difficile de croire que l’espèce est en danger.  Et pourtant, ses habitats naturels ne cessent de rétrécir.

Il migre vers le nord chaque été pour venir s’y reproduire sur les asclépiades, plantes sauvages constituant sa nourriture exclusive au stade larvaire.  L’hiver, il trouve refuge au Mexique et en Californie, dans des sites montagneux se comptant au nombre de quelques dizaines seulement. Cinq de ces habitats sont désormais protégés, mais ce n’est clairement pas suffisant.  Au nord comme au sud, les habitats reculent au profit de l’agriculture, des coupes forestières et du développement urbain.

Je n’en observe plus beaucoup dans mon environnement depuis quelques années, et d’autres observateurs me rapportent aussi en voir beaucoup moins.  En plus de la protection des aires d’hivernage,  les principaux facteur qui influencent l’état de la population sont:

  1. La température au printemps, qui ne doit être ni trop chaude ou trop froide.
  2. La disponibilité des asclépiades, sur lesquelles il se nourrit et se reproduit.  Au Canada et aux États-Unis, sur son aire de migration, on estime que ces plantes sont 30% moins nombreuses depuis une dizaine d’années.  En plus de l’étalement urbain, la cause majeure de cette réduction est due à l’accroissement des cultures OGM résistantes au glyphosate (mais, soya, etc). Cet herbicide appliqué sur les cultures détruit toute végétation, sauf la culture elle-même.

En tant que consommateur, nous avons le pouvoir de ne pas encourager cette pratique en choisissant chaque jour des aliments issus de l’agriculture biologique.

Nous pouvons aussi favoriser la présence et la reproduction des Monarques en leur fournissant ce dont ils ont principalement besoin: des plants d’asclépiade.  Au Québec on en retrouve deux espèces indigènes.

Asclepias syriaca

L’asclépiade commune est bien connue parce qu’elle est fréquente le long des routes.  Elle pousse dans les lieux très bien drainés et les sols plutôt pauvres.  Prévoir un espace où elle pourra se répandre, car elle se propage vigoureusement par ses racines.

 

Asclepias incarnata

L’asclépiade incarnate est une option pas du tout envahissante.  Il est beaucoup plus tentant d’utiliser cette espèce en raison de son caractère docile, mais ne jamais oublier que dans son milieu naturel, elle pousse dans les sols humides, voire marécageux, quand ce n’est pas franchement aquatique.  Au jardin elle réussira très bien dans un sol frais ou humide.  Pour les projets de renaturation, vaut mieux lui réserver les endroits correspondant à son habitat naturel, sinon c’est peine perdue.

Les deux espèces fleurissent au milieu de l’été pendant plusieurs semaines, leurs fleurs dégageant un parfum envoûtant.

 Cycle de vie

Les papillons femelles recherchent les asclépiades pour y pondre leurs oeufs, un seul sur chaque plant, qui vont éclore 3-4 jours plus tard.  La larve se nourrira exclusivement du feuillage de la plante pendant 10-14 jours.

 

Elle forme ensuite son cocon, duquel sortira le papillon adulte 10-14 jours plus tard.

Il vivra encore pendant 2-3 semaines,  se consacrant à la reproduction.  Pendant cette période, il se nourrira du nectar de différentes espèces de fleurs.  Un cycle de vie peut ainsi être accompli dans 30 jours.  C’est la dernière génération d’adultes à éclore à la fin de l’été qui prendra le chemin du sud.

   

Mâle                                                        Femelle

Vous aurez certainement compris que, les larves se nourissant du feuillage, il y aura des trous dans les feuilles, et parfois plus de feuilles du tout. Ceci est selon l’ordre de la Nature.  Les asclépiades reviendront l’année suivante.

Comment créer un lieu propice aux Monarques

  • Plantez des asclépiades
  • Plantez des plantes nectarifères, idéalement indigènes.  Notez celles qui poussent dans votre entourage.  Évitez les espèces horticoles à grosses fleurs; elles sont souvent pauvres en nectar.
  • Privilégiez les fleurs aux couleurs rouge, orange, jaune et pourpre.  Regroupez-les sous forme de massifs.
  • Évitez tout insecticide, mêmes ceux qui sont naturels.

Suggestions de plantes indigènes nectarifères

Achillea millefolium
Agastache foeniculum
Asclepias sp.
Aster sp.
Epilobium angustifolium
Eupatorium sp.
Heliopsis helianthoides
Lobelia cardinalis
Monarda fistulosa
Rudbeckia sp.
Solidago sp.
 
Voir informations sur www.pepiniererustique.com

Je vous invite à visiter le site de l’organisation Monarch Watch, vraiment riche sur le sujet.  Vous pouvez y inscirire votre habitat pour Monarque dans un répertoire Nord-Américain, et recevoir une certification par le fait même.  Ce peut être pour votre arrière-cour comme pour une vaste étendue.

 

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Des herbacées indigènes sur la rive

On connait déjà très bien les populaires Cornus, Myrica et Spirea, arbustes utilisés avec succès pour végétaliser les rives  J’attire maintenant votre attention sur des espèces herbacées indigènes ayant des qualités tout aussi appréciables pour ce genre de travail.  En milieu naturel, on les retrouve intercalées aux espèces ligneuses, souvent à la bordure de rives boisées, où on trouve plus de lumière.  Ou bien dans les lieux ouverts qui sont soummis aux innondations (plages, plaines innondables, marais, etc.).

Elles ont les caractéristiques suivantes:

  • Un enracinement très rapide, principalement en surface
  • Une forte densité de tiges et de feuilles permettant de ralentir, capter et filtrer les eaux de surfaces
  • Un habitat et une source de nourriture pour la faune
  • Des fleurs permettant de rehausser la qualité visuelle des ouvrages riverains

Ce dernier point est particulièrement appréciable en milieu résidentiel ou municipal.  Aussi, beaucoup d’herbacées riveraines fleurissent l’été et l’automne, moment où la plupart des arbustes indigènes ont terminé leurs floraison.

Je vous en présente ici six espèces dignes de mention.  Pour ceux qui en veulent plus, voir la liste au bas de la page.

Aster puniceus 
Aster ponceau
 
J’aime cette espèce pour sa floraison abondante en août et septembre.  C’est un moment que j’attends chaque année.  Je l’observe surtout le long des fossés et dans les endroits mal drainés.
 
 
 
 
 
Comarum palustre (Potentilla palustris)
Potentille des marais
 
Pour accompagner l’Iris versicolor, cette plante se plait dans les mêmes endroits, à la limite de l’eau, le sol détrempé ou innondé.  C’est un vrai charme que de voir son feuillage vert bleuté s’étaler au dessus de l’eau.  
 
Calamagrostis canadensis
Calamagrostide du Canada – Foin bleu
 
Dans les lieux ouvert et mal drainés elle s’étale, fixant le sol de ses racines drageonnantes, sans pour autant être envahissante.  Son feuillage bleuté est toujours attrayant et ses épis légers se balancent jusque tard l’automne. 
 
Eupatorium maculatum
Eupatoire maculé
 
Absolument robuste et spectaculaire.  On la voit ici poussant sur un barrage de castors, dans le Parc du Mt-Tremblant.
 
 
 
  
 
  
Physostegia virginiana
Physostégie de Virginie
 
Abondante dans sa croissance  comme dans sa floraison, en fin de saison.  Donnez lui de l’espace! 
 
 
 
 
 
  
 
 
 
 
 
Thalictrum pubescens
Pigamon pubescent
 
Au début de l’été, fin juin et début juillet, cette espèce semble former des nuages de fleurs blanches.  Son feuillage vert bleuté et bien découpé est intéressant.  Où il y a de l’eau elle se plait, tant sous le soleil que l’ombre assez dense.  
 
 
 
 
 
 
 
Plantes à fleurs
Asclepias incarnata
Aster novae-angliae
Aster puniceus
Aster umbellatus
Chelone glabra
Comarum palustre
Eupatorium maculatum
Eupatorium perfoliatum
Heliopsis helianthoides
Iris versicolor
Mentha arvensis
Rudbeckia laciniata
Sanguisorba canadensis
Solidago canadensis
Thalictrum pubescens
Verbena hastata
 
Graminées
Calamagrostis canadensis
Deschampsia cespitosa
Glyceria sp.
Panicum virgatum
Scirpus sp.
Physostegia virginiana
 
Pour plus de détails, voyez www.pepiniererustique.com
 
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