Des millions, qu’ils sont chaque automne à retourner vers le sud. Le papillon Monarque fascine tant par sa beauté que par son étonnant périple. Difficile de croire que l’espèce est en danger. Et pourtant, ses habitats naturels ne cessent de rétrécir.
Il migre vers le nord chaque été pour venir s’y reproduire sur les asclépiades, plantes sauvages constituant sa nourriture exclusive au stade larvaire. L’hiver, il trouve refuge au Mexique et en Californie, dans des sites montagneux se comptant au nombre de quelques dizaines seulement. Cinq de ces habitats sont désormais protégés, mais ce n’est clairement pas suffisant. Au nord comme au sud, les habitats reculent au profit de l’agriculture, des coupes forestières et du développement urbain.
Je n’en observe plus beaucoup dans mon environnement depuis quelques années, et d’autres observateurs me rapportent aussi en voir beaucoup moins. En plus de la protection des aires d’hivernage, les principaux facteur qui influencent l’état de la population sont:
- La température au printemps, qui ne doit être ni trop chaude ou trop froide.
- La disponibilité des asclépiades, sur lesquelles il se nourrit et se reproduit. Au Canada et aux États-Unis, sur son aire de migration, on estime que ces plantes sont 30% moins nombreuses depuis une dizaine d’années. En plus de l’étalement urbain, la cause majeure de cette réduction est due à l’accroissement des cultures OGM résistantes au glyphosate (mais, soya, etc). Cet herbicide appliqué sur les cultures détruit toute végétation, sauf la culture elle-même.
En tant que consommateur, nous avons le pouvoir de ne pas encourager cette pratique en choisissant chaque jour des aliments issus de l’agriculture biologique.
Nous pouvons aussi favoriser la présence et la reproduction des Monarques en leur fournissant ce dont ils ont principalement besoin: des plants d’asclépiade. Au Québec on en retrouve deux espèces indigènes.
Asclepias syriaca
L’asclépiade commune est bien connue parce qu’elle est fréquente le long des routes. Elle pousse dans les lieux très bien drainés et les sols plutôt pauvres. Prévoir un espace où elle pourra se répandre, car elle se propage vigoureusement par ses racines.
Asclepias incarnata
L’asclépiade incarnate est une option pas du tout envahissante. Il est beaucoup plus tentant d’utiliser cette espèce en raison de son caractère docile, mais ne jamais oublier que dans son milieu naturel, elle pousse dans les sols humides, voire marécageux, quand ce n’est pas franchement aquatique. Au jardin elle réussira très bien dans un sol frais ou humide. Pour les projets de renaturation, vaut mieux lui réserver les endroits correspondant à son habitat naturel, sinon c’est peine perdue.
Les deux espèces fleurissent au milieu de l’été pendant plusieurs semaines, leurs fleurs dégageant un parfum envoûtant.
Cycle de vie
Les papillons femelles recherchent les asclépiades pour y pondre leurs oeufs, un seul sur chaque plant, qui vont éclore 3-4 jours plus tard. La larve se nourrira exclusivement du feuillage de la plante pendant 10-14 jours.
Elle forme ensuite son cocon, duquel sortira le papillon adulte 10-14 jours plus tard.
Il vivra encore pendant 2-3 semaines, se consacrant à la reproduction. Pendant cette période, il se nourrira du nectar de différentes espèces de fleurs. Un cycle de vie peut ainsi être accompli dans 30 jours. C’est la dernière génération d’adultes à éclore à la fin de l’été qui prendra le chemin du sud.
Mâle Femelle
Vous aurez certainement compris que, les larves se nourissant du feuillage, il y aura des trous dans les feuilles, et parfois plus de feuilles du tout. Ceci est selon l’ordre de la Nature. Les asclépiades reviendront l’année suivante.
Comment créer un lieu propice aux Monarques
- Plantez des asclépiades
- Plantez des plantes nectarifères, idéalement indigènes. Notez celles qui poussent dans votre entourage. Évitez les espèces horticoles à grosses fleurs; elles sont souvent pauvres en nectar.
- Privilégiez les fleurs aux couleurs rouge, orange, jaune et pourpre. Regroupez-les sous forme de massifs.
- Évitez tout insecticide, mêmes ceux qui sont naturels.
Suggestions de plantes indigènes nectarifères
Achillea millefolium
Agastache foeniculum
Asclepias sp.
Aster sp.
Epilobium angustifolium
Eupatorium sp.
Heliopsis helianthoides
Lobelia cardinalis
Monarda fistulosa
Rudbeckia sp.
Solidago sp.
Voir informations sur www.pepiniererustique.com
Je vous invite à visiter le site de l’organisation Monarch Watch, vraiment riche sur le sujet. Vous pouvez y inscirire votre habitat pour Monarque dans un répertoire Nord-Américain, et recevoir une certification par le fait même. Ce peut être pour votre arrière-cour comme pour une vaste étendue.